Nicolas Roux, chercheur à Bioversity International, nous parle de la banane.
La banane industrielle est représentée par un très faible nombre de variétés, pourtant la diversité des bananiers est importante : comment cette diversité est-elle conservée ?
NR : Un seul type de banane prédomine en Europe : la banane Cavendish. Mais 500 à 1000 variétés comestibles de banane existent, qui représentent 85% de la production mondiale, et qui sont très importantes pour la sécurité alimentaire. Ces variétés sont conservées par Bioversity International, au sein de la banque de gènes de l’Université catholique de Louvain en Belgique, sous forme in vitro, c’est à dire dans des tubes à essais. Une conservation au champ existe en complément mais les variétés y sont plus exposées aux maladies et aux intempéries.
Est-ce que cette diversité est vraiment utilisée aujourd’hui , et si oui de quelle façon ?
NR : Oui cette diversité est utilisée, et documentée. De nombreuses recherches sont menées pour documenter ces accessions (variétés conservées) : données passeport (nom, lieu de collecte , …), données morphotaxonomiques (pour l’identification des variétés), données d’évaluation (résistance aux maladie, qualité nutritive…), données moléculaires (recherche de gènes d’intérêt).
En quoi les cultures familiales et industrielles de la banane sont-elles complémentaires ?
NR : Les exploitations familiales sont garantes du maintien d’une grande diversité. Mais la banane Cavendish est, quant à elle, cultivée en monoculture, ce qui est synonyme de vulnérabilité. Le maintien de la diversité est primordial : on se souvient de l’exemple de la maladie de Panama qui a ravagé la variété dominante Gros Michel, laquelle a du être complètement abandonnée et remplacée par la Cavendish actuelle. Un effort de communication est à faire auprès des consommateurs afin de les sensibiliser à l’existence des nombreuses variétés qui existent.